vendredi 4 mars 2011

Biologie médicale : Du suspens encore!

L’ordonnance adoptée en janvier 2010, portant réforme de la biologie médicale, est sur la sellette : les députés l’ont abrogée le 10 février. La raison ? La profession est partagée sur cette réforme. Le secteur, dont le texte fondateur remonte à 1975, nécessitait certes une rénovation. Mais pas forcément dans le sens poursuivi par cette ordonnance. La réforme encourage les regroupements et rend obligatoire l’accréditation de tous les laboratoires par le Comité français d’accréditation (Cofrac). « L’accréditation telle qu’elle est prévue nous semble disproportionnée, car elle porte sur l’intégralité des actes pratiqués, commente le Dr Jean Canarelli, médecin biologiste, président de la commission « Biologie » au conseil national de l’Ordre des médecins. De plus, la non-obtention de l’accréditation entraînerait la fermeture de l’établissement : cela nous paraît radical ».La réforme veut aussi renforcer la médicalisation des biologistes ; un compte rendu d’examens comportant une interprétation biologique devra être fourni. Mais l’intervention des biologistes devra aussi se faire en amont, au niveau de la prescription, en ajoutant ou en retranchant des analyses, avec l'accord du médecin prescripteur. « Nous sommes tout à fait favorables à une médicalisation de la fonction de biologiste, mais celle qui est proposée nous paraît inappropriée. Nous n'aurons jamais le même niveau de connaissance clinique du patient, vu en quelques minutes, que le médecin prescripteur, qui le suit peut-être depuis des années, ajoute le Dr Canarelli. Notre plus-value se situe davantage en aval, après les premiers résultats : nous pouvons alors orienter, après un échange avec le médecin traitant, la poursuite du diagnostic biologique et éviter des allers-retours du patient entre le prescripteur et le biologiste ».Au départ, l’Ordre avait introduit un recours contre cette ordonnance en Conseil d'État. Pour autant, aujourd’hui, il estime que l’abrogation pure et simple d’un texte qui a profondément modifié l’exercice de la profession depuis un an est difficilement envisageable. Le ministre Xavier Bertrand compte réintroduire l’ordonnance, après y avoir apporté des modifications, à discuter avec la profession.
Newsletter CNOM - N°27 - 4 mars 2011