mardi 3 février 2009

Un urgentiste empêché d’intervenir par la police ?

30 janvier 2009 20h02
Polémique après l'intervention d'un médecin dans un commissariat
LILLE - L'association des médecins urgentistes de France (Amuf) et SOS Racisme ont dénoncé
vendredi le comportement présumé du chef du commissariat de Château-Thierry (Aisne) vis-à-vis d'un
médecin noir qui aurait été empêché de soigner un homme en garde à vue, victime d'un arrêt
cardiaque.
Le procureur de la République de Soissons, Isabelle Pagenelle, a de son côté souligné que ce
commandant de police "avait été davantage préoccupé par l'état du malade plutôt que de régler des
comptes".
Toujours vendredi soir en réanimation, l'homme avait été interpellé en état d'ébriété mercredi en fin de
journée et conduit aux urgences de l'hôpital de Château-Thierry.
Là, un médecin urgentiste de l'hôpital l'examinait et délivrait "un certificat de non admission",
entraînant son placement en cellule de dégrisement au commissariat.
L'homme ayant fait ensuite un malaise, les policiers appelaient les secours. "Les pompiers sont arrivés
très rapidement, mais sans médecin", selon le procureur. Comme les secours médicaux d'urgence
"n'étaient pas tout de suite disponible, un médecin généraliste, ancien urgentiste, a été appelé
immédiatement et a pris en charge les opérations (de réanimation) avec les pompiers", a expliqué le
procureur à l'AFP.
Selon l'Amuf, quand l'urgentiste noir qui avait examiné l'homme à l'hôpital est arrivé à son tour au
poste de police, le chef du commissariat lui a dit : "C'est toi qui l'a examiné aux urgences, tu l'as tué, je
t'interdis de le toucher".
Sur ordre du procureur, les policiers ont procédé peu après à l'audition de toutes les personnes qui
avaient côtoyé l'individu "pour savoir qui avait fait quoi".
Dans son communiqué, l'Amuf souligne que le médecin noir "a été écarté pour subir un interrogatoire"
et dénonce un "abus de pouvoir de la police et l'entrave à l'exercice de nos fonctions".
De son côté, dans un autre communiqué, SOS Racisme soupçonne le commandant de police de
"racisme" pour avoir tutoyé ce médecin, en raison de la couleur de sa peau. Les deux associations
réclament une enquête.
Selon le procureur, le préfet de l'Aisne a ouvert une enquête administrative à l'hôpital de Château-
Thierry, sur les circonstances de l'affaire.

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