jeudi 19 mars 2009

L'oxygénothérapie continue a-t-elle un intérêt dans l'emphysème sans hypoxémie ?

19/03/09(JIM)Dr Philippe Tellier
L'oxygénothérapie continue n'est pas recommandée chez les patients atteints d'un emphysème, en l'absence d'hypoxémie au repos. Cette technique est pourtant couramment utilisée dans la pratique médicale qui n'est pas toujours en phase avec les recommandations des sociétés savantes ou d'autres autorités, aussi hautes soient elles. De ce fait, son rapport efficacité/acceptabilité est loin d'être parfaitement connu. Quelles sont les caractéristiques cliniques et la survie des patients ainsi traités ? Une étude américaine dite NETT (National Emphysema Treatment Trial) répond à cette problématique. Au sein de la cohorte étudiée, ont été sélectionnés 1 215 participants. L'analyse des données a été effectuée à partir d'une stratification reposant sur la PaO2 mesurée au repos et le recours à l'oxygénothérapie. La survie à 8 ans a été évaluée dans le groupe affecté au traitement médical. Lors de l'inclusion, 33,8 % des patients (n=260) (groupe 1) bénéficiaient d'une oxygénothérapie continue, alors qu'il n'existait aucune hypoxémie significative au repos. Dans un autre groupe composé de 226 patients non hypoxémiques, l'oxygénothérapie n'était pas utilisée (groupe 2). La comparaison intergroupe a révélé que, dans le premier groupe, versus le second, la dyspnée était plus sévère et la qualité de vie plus médiocre. En outre, la désaturation à l'effort était plus élevée, de même que la mortalité. Cependant, une analyse plus poussée, avec ajustement en fonction de l'âge, de l'indice de masse corporelle et du VEMS a révélé que la différence de mortalité entre les deux groupes était en grande partie imputable à une désaturation plus élevée à l'effort en cas d'emphysème traité par oxygénothérapie. Dans cet essai, le recours à l'oxygénothérapie continue, en cas d'emphysème sans hypoxémie au repos, semble être associé à un pronostic vital et fonctionnel sombre, la maladie étant plus sévère et la durée de la survie plus courte. S'agit-il pour autant d'effets indésirables de l'oxygénothérapie ? Rien n'est moins sûr, bien au contraire : c'est la prévalence plus élevée des épisodes de désaturation à l'effort qui ferait la différence, au travers sans doute de perturbations de l'hémodynamique ventriculaire droite. Cette étude éclaircit quelque peu la lanterne de ceux qui sont confrontés à une situation problématique, mais elle ne fait pas pour autant toute la lumière sur cette dernière, au point que d'autres travaux sont à l'évidence nécessaires pour améliorer l'état des connaissances.
Michael B. Drummond et coll. Continuous Oxygen Use in Nonhypoxemic Emphysema Patients Identifies a High-Risk Subset of Patients. Retrospective Analysis of the National Emphysema Treatment Trial. Chest 2009.

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